"Les filles aux mains jaunes'
« Une guerre, même si personne n’en veut, elle éclate. Allez comprendre ! »
Le 2 août 1914 Raymond Poincaré décrète la mobilisation générale. Les hommes vont devoir partir faire la « sale guerre ».
Il faut pourtant bien que les usines continuent de tourner, notamment celles qui fabriquent des armements, alors on fait appel aux femmes.
Mais « Il faut avoir faim pour faire ce métier » car les conditions sont particulièrement difficiles. La règlementation du travail ayant été suspendue il n’y a pas de pause, pas d’hygiène et trop peu d’aération. Elles n’ont droit qu’à un verre de lait par jour et ne sont en congés qu’un dimanche par mois (quand elles ont de la chance).
C’est au début de l’année 1915, au sein d’une de ces fabriques qui produit des obus à la chaine avec de la poudre explosive (qui fait qu’on appelle les ouvrières « Les Filles aux mains jaunes ») que vont se rencontrer les quatre protagonistes :
Louise (alias Coquelicot) participe à des « réunions en sous-sol » et milite pour que les choses s’améliorent. C’est Pamela Ravassard (vue récemment au théâtre dans « Blanc » de Emmanuelle Marie ou encore « La Dame de Chez Maxim » de Georges Feydeau, au cinéma dans « Maryline » de Guillaume Galienne et au petit écran dans « Si Noël m'était conté » de Benoît d'Aubert ) qui se glisse dans la peau de ce personnage qui incarne le féminisme et la rébellion. Progressivement elle va convaincre ses amies de la suivre et de rejoindre le mouvement.
Julie c’est la plus coquine et la plus joyeuse.
Elle n’a qu’une seule envie : se marier. Mais elle veut épouser un homme, pas un souvenir…Peu à peu elle va faire preuve d’un véritable enthousiasme pour les revendications de Louise.
Dans ce rôle Anna Mihalcea (qui a notamment joué dans « Edmond » et « Roméo et Juliette » sous la direction d’Alexis Michalik) apporte beaucoup d’humour.
Jeanne, c’est la plus ancienne alors elle en a vu d’autre. Au départ elle se demande comment Louise peut vouloir déplacer des montagnes alors qu’elles ont déjà bien du mal à porter les obus. Elle trouve que « Le mal, si tu ne le regarde pas, il n’existe pas » mais elle finira par se rallier.
Brigitte Faure (elle a joué entre autres dans « Une diva à Sarcelles » et « Le bal » mis en scène par Virginie Lemoine ou « Coiffure et confidences » mis en scène par Dominique Guillo) donne à ce personnage un côté maternel, rassurant et protecteur.
Enfin, Rose qui est interprétée par Elisabeth Ventura (on a pu la voir récemment dans « Intramuros » d’Alexis Michalik ou « Les Vibrants » d'Aldo Asgharzadeh ) se montre plus discrète mais ne perd pas une miette des récits et argumentaires de Louise.
Elle appliquera notamment un précieux conseil que l’on peut suivre partout et tout le temps : « N’attend pas que quelqu’un parle. Prend la parole et raconte ! »
Et raconter l’histoire écrite par Michel Bellier, ces quatre comédiennes le font magnifiquement avec une mise en scène sobre mais terriblement efficace de Johanna Boyé (assistée de Lucia Passaniti).
Ce récit, c’est la vie de certaines de nos grand-mères ou de nos arrières grand-mères et à l’heure où on ne cesse de parler de parité ou d’égalité homme/femme, il ne peut que nous toucher.
Après une avant-première le 3 juin dernier au théâtre Michel, elles seront à Avignon du 5 au 28 juillet (relâche le 22) au Théâtre Actuel à 12h05.
Il y a fort à parier que ce n’est encore que le début de l’aventure mais « Une brique, une brique, c’est comme ça qu’on bâtit le monde » n’est-ce pas ?
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Avec : Brigitte Faure, Anna Mihalcea, Pamela Ravassard et Elisabeth Ventura
Mise en scène : Johanna Boyé assistée de Lucia Passaniti
Scénographie : Olivier Prost
Lumières : Cyril Manetta
Costumes : Marion Rebmann
Univers sonore : Mehdi Bourayou
PRODUCTION
Atelier Théâtre Actuel, ZD Productions, Sésam’ Prod, La Compagnie des Sans Chapiteau Fixe, Hyperactif Productions
Attaché de presse : Jean Philippe Rigaud
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